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traduction française de textes anglais; éditoriaux; revue de presse


MH17

Publié par Jacques Sapir sur 28 Juillet 2014, 23:50pm

Catégories : #Lordon Sapir Todd, #russophobie, #propagandes, #Axe du Bien, #revue de presse

Heureusement, Sapir (encore une fois).

L'explication du choix de la vidéo en illustration se trouive ici: http://www.les-crises.fr/mh17-4-enormes-manipulations-colportees-par-nos-medias-et-jamais-corrigees/

(à la fin)

H.

http://russeurope.hypotheses.org/2547

MH17

19 juillet 2014

Par Jacques Sapir

Une version mise à jour de cette note est publiée en Anglais: MH17 and Update

La destruction du vol MH17 de la Malaysian Airlines le 17 juillet a suscité une émotion intense et justifiée. Les revendications et accusations contradictoires se sont succédées. Les informations disponibles pour le grand public sont extrêmement fragmentaires. On peut, cependant, remarquer certaines incohérences dans la mise en cause, du côté des gouvernements de l’OTAN et de la presse de ces pays, des insurgés ukrainiens.

Un chose semble (mas nous verrons qu’elle n’est pas certaine) acquise, c’est que la destruction du Boeing 777 de la Malaysian Airlines est due à un missile Sol-Air. Il faut alors rappeler quelques faits de base concernant ces missiles. Leur portée et l’altitude qu’ils peuvent atteindre dépendent de l’énergie contenue dans le combustible de leur moteur fusée. Mais, cette portée et cette altitude dépendent aussi des caractéristiques de leur cible potentielle. Face à un avion rapide la portée sera plus faible que face à un avion lent. A contrario, un avion lent sera plus vulnérable à une certaine altitude qu’un avion rapide.

I. De quelles armes disposent les insurgés des régions Est de l’Ukraine ?

Jusqu’à maintenant ces insurgés ont fait usage de missiles portables, et tirables à l’épaulé. Ces missiles sont des descendants du SAM-7 « Strela » utilisé par les forces soviétiques. Il s’agit très probablement du SAM-18 (code OTAN « Grouse »). Ce missile atteint une vitesse maximale de 800 m/sec. Il est capable d’intercepter un appareil volant à 450 m/sec à 3500 m d’altitude. Mais, si la vitesse de l’appareil visé est inférieure, il peut être atteint bien plus haut. Néanmoins, il est exclu qu’il puisse atteindre un avion volant à 10 000 m et 250 m/sec (900 km/h) comme le Boeing 777 du vol MH17. Les caractéristiques de cet appareil impliquent un missile plus lourd, et l’un des « coupables » présumés est le système d’arme SAM-17 ou un SAM-11 plus ancien, ces deux missiles étant appelé « Buk » par les Russes.

Cependant, des informations concordantes, provenant de la presse ukrainienne et du site du ministère de la défense d’Ukraine, établissent que les insurgés n’auraient pas eu à leur disposition le système d’arme Sol-Air « Buk » (SAM-17 pour l’OTAN)[1]. Bien entendu, la déclaration du ministère de la défense date du 29 juin. Il n’est pas complètement impossible que les insurgés aient pu se procurer ce type d’équipement entre le 29 juin et le 17 juillet ou le remettre en état. De même, il n’est pas complètement impossible que l’armée russe soit entrée dans les deux provinces insurgées. Mais, cela aurait provoqué une très forte réaction internationale, car ce type de mouvement ne peut rester secret, compte tenu de l’ampleur des moyens de surveillance électronique déployés dans la régions ( avion AWACS de l’OTAN S-3 Sentry volant au-dessus du territoire roumain). Or, l’OTAN n’a nullement réagi.

II. Procédures de tir

Un point important concernant le SAM-11/17 est qu’il nécessite l’emploi de deux radars. Contrairement aux missiles portables comme le SAM-18, son guidage n’est pas à infra-rouge mais fait appel à ce qui est appelé un « radar semi-actif ». Le missile se guide sur les ondes qui sont envoyés par un radar à terre, sur son véhicule de tir (le TELAR) qui doit donc éclairer en permanence la cible. Mais, il nécessite aussi un radar de contrôle de l’espace aérien et d’acquisition pour que cette cible soit désignée. Le radar d’éclairage et d’écartométrie est le système « Kupol » (code OTAN « Fire Dome ») qui travaille en bande H/I. Le radar de contrôle et d’acquisition est le modèle 9S35 (code OTAN « Snow Drift »). La portée de ce radar est de 85 kms. Par ailleurs, les batteries de missiles sont souvent intégrées dans des ensembles (brigades de défense anti-aérienne) dotés de radars de détection à plus longue portée (250 km).

Le tir implique une première acquisition par le « Snow Drift » avant que le radar « Fire Dome » puisse entrer en action et guider le missile. Le SAM-11/17 est un système complexe qui exige un personnel bien entraîné et dont la formation est longue.

III. Incohérences du lieu du crash.

Le lieu du crash se trouve entre les villes de Snezhnoye et de Torez. Mais, l’appareil, dont la trajectoire était nord-ouest / sud-est, a dû être touché bien plus à l’ouest. En effet, compte tenu de sa vitesse (900 km/h) et de son altitude (10 000m), même s’il s’est partiellement désintégré, il a nécessairement continué sur sa trajectoire. L’explosion au sol montrée sur les différentes vidéos du crash indique qu’une partie substantielle de l’appareil (dont le poids au décollage est de 300 tonnes) s’est écrasée. Un calcul simple indique que l’avion a été touché à 30 km du lieu où il s’est écrasé. Compte tenu des délais d’acquisition du missile et de la batterie qui le sert, cela veut dire que l’acquisition elle-même a dû se faire probablement 50 km à l’ouest (sur la trajectoire de l’avion) du point d’impact. Cela porte à 80 km la distance du lieu du crash. Cela impliquerait que le radar « Snow Drift » se trouverait bien plus à l’Ouest que ce qui est affirmé aujourd’hui tant par les sources américaines qu’ukrainiennes. Il est en effet quasi impossible, sans radar de détection à longue distance, de commencer une procédure de tir en limite de portée. Si l’avion MH17 de la Malaysian Airlines avait été touché par un missile provenant d’une batterie située là où l’affirment les sources américaine et ukrainienne, l’avion aurait dû s’écraser 20 à 30 km à l’est de son point d’impact. Autrement dit, le lieu du crash n’est pas cohérent avec l’hypothèse d’un missile tiré depuis là où l’on prétend qu’il l’a été. Pour s’écraser sur le lieu du crash, si l’avion a bien été abattu par un missile « Buk », il a dû être atteint par un missile tiré depuis le territoire contrôlé par les forces ukrainiennes.

IV. Les précédents.

Il convient alors de se rappeler les incidents précédents de ce type. Nous avons la destruction d’un Tupolev-154 en 2001 par les forces ukrainiennes[2] et la tragédie du vol KAL-007 dans les années 1980. Dans ce cas, il est établi que les forces soviétiques ont confondu l’avion coréen avec un avion de reconnaissance électronique américain dont la trajectoire était quasi-identique. Quand l’avion de reconnaissance a fait demi-tour, il a été confondu avec un ravitailleur en vol et l’avion coréen pris pour l’avion de reconnaissance. L’incident du Tupolev-154 a eu lieu au-dessus de la Mer Noire, et il est vraisemblablement dû à un tir d’entraînement.

Les insurgés ont aussi abattu, début janvier, un Antonov-26, qui volait à 6500m. Mais, cet avion a une vitesse de croisière bien plus basse que celle du Boeing du vol MH17. Il ne dépasse pas 500 km/h. Il est parfaitement possible qu’il ait été abattu par un SAM-18. Le fait que les deux pilotes aient survécu (et se soient parachutés) alors qu’il n’y a eu aucun survivant du vol MH17 confirme que la charge militaire du missile qui a touché l’Antonov était de faible puissance, ce qui indirectement confirme l’hypothèse du SAM-18.

V. Un tir russe ?

Il faut maintenant revenir sur l’hypothèse d’un tir russe. Cette hypothèse implique que des unités de défense aériennes de la Russie opèrent au profit des insurgés. C’est possible, mais politiquement et militairement incohérent. Les insurgés ont eu a souffrir d’attaques aériennes à basse altitude (hélicoptères et avions d’assaut SU-25) et surtout de l’artillerie ukrainienne qui n’hésite pas à bombarder des cibles civiles. Si la Russie voulait aider les insurgés, c’était bien plus en fournissant des moyens de contre-batterie (dans l’artillerie) ou une défense anti-aérienne locale (avec le système « Tunguska ») qu’elle l’aurait fait. On ne peut pas exclure cette hypothèse, mais elle est très peu probable.

VI. Un tir ukrainien ?

On a déjà dit pourquoi, si l’avion a été abattu par un missile (ce qui n’est pas encore complètement acquis), il est plus que probable que ce missile ait été tiré du côté ukrainien. Mais, on peut se demander pourquoi l’armée ukrainienne aurait-elle déployé ce type de système alors que les insurgés n’ont pas d’aviation. Seulement, il faut se souvenir que l’artillerie ukrainienne a bombardé une ville russe sur la frontière au début du mois de juillet, et que le gouvernement russe a menacé l’Ukraine de frappes ciblées. Ces frappes auraient visé les moyens de l’artillerie ukrainienne qui sont aujourd’hui la principale menace pour les insurgés. Il est alors logique que l’armée ukrainienne ait déployé des moyens de défense anti-aérienne. Compte tenu des précédents, on peut s’interroger sur le fait que l’Armée ukrainienne ait pu confondre le vol MH17 avec un vol militaire russe, en provenance du Belarus et cherchant à prendre « de dos » les forces déployées contre les insurgés. Ce n’est, certes, qu’une hypothèse, mais elle serait cohérente avec le lieu du crash.

[1] http://www.pravda.com.ua/rus/news/2014/07/18/7032278/ et http://www.mil.gov.ua/news/2014/06/30/teroristi-ne-zahoplyuvali-bojovu-tehniku-chastin-protipovitryanoi-oboroni-zbrojnih-sil-ukraini-v-doneczku/

[2] http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/ukraine/1359353/Ukraine-admits-it-shot-down-Russian-airliner.html

MH17-Suite

20 juillet 2014

Par Jacques Sapir

Devant l’accumulation des déclarations contradictoires sur la catastrophe du vol MH17 de la Malaysian Airlines, il convient de préciser certains points.

1. Les déclarations de John Kerry (Ministre des Affaires Etrangères des Etats-Unis).

John Kerry a déclaré devant CNN que le gouvernement américain détenait les preuves de l’implications des insurgés dans la destruction du vole MH17. Alors, si ces preuves existent, elles doivent être divulguées au plus vite. Rappelons néanmoins que son prédécesseur sous la présidence George W. Bush, le général Colin Powell, disait la même chose à propos des « armes de destruction massive » supposées détenues par l’Irak de Saddam Hussein. Monsieur Colin Powell a depuis reconnu avoir menti lors de son discours devant le conseil de sécurité de l’ONU. Il a même affirmé que ce discours constituait un « tache sur sa carrière »[1]. M. Kerry a aussi ajouté que la Russie aurait transféré aux insurgés des systèmes SAM-17. Mais, comment une milice pourrait-elle exploiter ce genre de systèmes d’armes ? Par ailleurs, il ne suffit pas de transférer un véhicule TELAR, il faut aussi transférer le radar « Snow Drift » sans lequel toute interception est très difficile. Ici encore, ceci demande du personnel très qualifié. Enfin, on a montré dans une note précédente que le lieu du crash n’était pas cohérent avec un tir de missile depuis la zone insurgée sauf si les insurgés bénéficiaient d’un appui technique très poussé de la Russie, et en réalité sauf si c’était bien une unité russe qui avait tiré le missile. Or, les Etats-Unis n’ont jamais jusqu’à présent fait état de la présence d’unités militaires russes en Ukraine.

2. Les insurgés bloquent-ils l’enquête ?

En fait, les insurgés on récupéré les « boites noires » du vol MH17, et ils se déclarent prêts à les remettre à l’OACI. Par contre, ils refusent de laisser les forces ukrainiennes pénétrer dans la zone du crash, ce qui est parfaitement compréhensible. Ils ont aussi transporté les corps vers des wagons frigorifiques, ce qui leur est reproché par les Etats-Unis. C’est en réalité la seule solution, au regard des moyens disponibles, pour éviter une putréfaction rapide de ces corps compte tenu de la chaleur qui règne en cette période de l’année dans la région de Donetsk. Il est clair, aussi, que les autorités de la République auto-proclamée du Donbass voudraient monnayer l’accès au site avec une forme de reconnaissance de facto de son autorité par les instances internationales. C’est parfaitement compréhensible au vu de la situation. N’oublions pas que l’armée ukrainienne multiplie les attaques et les bombardements.

3. Les insurgés rapatrieraient vers la Russie le système responsable de la destruction du vol MH17.

Une vidéo circule depuis l’après-midi du 20 juillet, et elle a même été montrée au journal de Fr2[2]. Cette video montre un TELAR (véhicule de tir) équipé de missiles « BUK » sur un camion. On peut même discerner qu’il manque un missile sur le TELAR. Cependant, des sources concordantes montrent que cette vidéo a été tournée en territoire contrôlé par les forces de Kiev, et plus précisément dans la ville de Krasnoarmeysk, rue Gorki dans la région de Donetsk. Voici la carte indiquant où a été prise la dite vidéo.

http://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/981/files/2014/07/Carte-500x261.jpg

Si cela était confirmé, ce serait la preuve irréfutable que l’armée ukrainienne a bien déployé dans la zone des combats un système SAM-17 « Buk », et qu’il lui manque un missile … Les conclusions s’imposent d’elles-mêmes.

[1] http://tempsreel.nouvelobs.com/debat/20130301.OBS0470/exclusif-colin-powell-comment-la-cia-m-a-trompe.html

[2] https://www.youtube.com/watch?v=G9UUmOdcHTM

MH17: vers la vérité?

23 juillet 2014

Par Jacques Sapir

Plus le temps passe et plus les questions posées par le crash du vol MH17 se font pesantes. Désormais, le grand journaliste américain Robert Parry, l’homme qui révéla entre autres les opérations illégales de l’époque Reagan (la filière Iran-Contra), vient de publier sur le site de sa fondation [1] plusieurs articles importants, mettant en cause soit l’armée ukrainienne[2], soit un mystérieux « défecteur » de cette armée[3]. On peut donc tenter de reformuler précisément ces questions. Mais, pour cela, il faut commencer par savoir de quoi l’on parle.

1. Qu’est-ce qui a causé le crash ?

L’hypothèse la plus fréquemment mentionnée fait référence à un missile SAM-11/17, appelé « Buk » en Russie. Il s’agit, dans la version M1 ou M2 d’un missile à autodirecteur radar semi-actif (SARH pour Semi-Active Radar Homing), doté d’une tête militaire de 70 kg dont 40 à 50 kg d’explosif. L’explosion du missile est déclenchée par une fusée de proximité. La destruction de la cible se fait par une combinaison d’onde de choc (d’autant plus violent que la densité de l’atmosphère est élevée) et d’éclats. Il faut ici noter que si cette arme est parfaitement mortelle contre un chasseur bombardier pesant de 25t à 35t, le Boeing 777 MR de la Malaysian Airlines en pesait 300t. Pour donner une échelle de comparaison, le bombardier stratégique B-52 ne pèse que 220t, et ce bombardier nécessitait pour être détruit, lors des raids sur Hanoï, des missiles SAM-2 dont la tête militaire pesait 200kg. Par ailleurs, ceci permet d’exclure le « Buk » comme responsable de la destruction d’un Antonov, volant à 6500m et 500 km/h. En effet, cet avion d’un poids de 25t aurait été complètement détruit par le missile, et son équipage tué.

D’autres sources, essentiellement russes, font référence à des missiles air-air. Ces missiles ont des têtes militaires allant de 7,5kg à 60 kg. On peut exclure les missiles légers. Une possibilité est le AA-10 « Amos » ou R-27, dont la charge fait approximativement 40kg. Ce missile est d’habitude tiré en paire. En ce qui concerne les missiles « lourds », le AA-12 (code russe R-77) apparaît comme un autre « coupable » potentiel. La charge de ce missile est comparable à celle d’un missile « Buk ».

Si un missile « Buk » est bien à l’origine de la catastrophe, ce missile a dû exploser probablement en avant ou sur le côté, mais toujours vers l’avant, du Boeing 777. Le système de navigation proportionnelle du missile anticipe l’évolution de sa cible, et conduit le missile sur un cap de collision visant à anticiper des mouvements futurs. C’est une différence importante avec un missile à guidage infra-rouge qui, en général, suit la cible et la percute par l’arrière.

2. Comment s’est passé le crash ?

La masse du MH17 excédait donc largement celle des avions militaires contre lesquels les missiles, tant sol-air que air-air ont été conçus. Mais nous avons un précédent, le cas de la destruction d’un Boeing 747 coréen en 1983 par les forces aériennes soviétiques (IA-PVO), le fameux vol KAL007.

Dans le cas de la destruction le 1er septembre 1983 d’un Boeing 747 de la compagnie Korean Air Lines (Vol KAL 007), l’avion fut détruit par un ou deux (et plus probablement deux) missiles air-air R-98 dotés de têtes de 40 kg. Mais, l’avion n’a pas éclaté mais a continué sur sa trajectoire, en perdition, pendant plusieurs minutes (au moins 4 minutes) avant de s’écraser. Compte tenu de la masse du Boeing 777 de la Malaysian Airlines (300 t contre 370t a 747 du vol KAL007) il est aussi probable que le missile n’a pu faire éclater en vol l’avion. A partir du précédent du Boeing 747 de la KAL, on peut penser, compte tenu de l’angle d’arrivée à portée de la fusée de proximité, que les dommages immédiats ont été le fait des éclats. Il est hautement probable que ces éclats ont largement touché le poste de pilotage, ce qui expliquerait la perte de contact immédiate avec le sol. D’autres dommages ont dû être provoqués par l’onde de choc, même si, à 10 000 m cette dernière est réduite. Ces dommages, plus ceux causés à la carlingue par les éclats ont pu provoquer des ruptures dans la structure de l’avion, ce qui expliquerait la répartition des débris sur une quinzaine de kilomètres. Mais, toujours en utilisant le précédent du KAL-007, il apparaît que ces dommages ont été progressifs. L’avion a pu continuer sur sa trajectoire pendant un certain temps avant de commencer à se démantibuler. Il n’a donc pas suivi une trajectoire parabolique comme celle d’une bombe, mais un mélange de trajectoire aérodynamique et de trajectoire parabolique. C’est sur la base de cette interprétation, qui m’a été confirmée par un spécialiste des structures des avions civiles, que j’ai estimé à 30km au minimum la distance entre l’impact du missile et son lieu d’écrasement. Je signale que le spécialiste postulait plutôt une distance de 40 à 45 km, et qu’un calcul fait par un blogueur russe indique au moins 30 km[4]. Ce blogueur signale aussi l’effet destructif des éclats, mais ne semble pas avoir fait le parallèle entre le cas du MH17 et celui du KAL007 en 1983.

Si le MH17 a été victime de missiles air-air, les dommages n’ont pas dû être très différents. Si les missiles tirés ont été des R-27 il est possible que les dégâts aient pu être plus importants. Si un R-77 a été tiré contre l’avion, la charge de ce dernier missile est très comparable à celle du « Buk ».

3. Les scénarii

Le gouvernement américain soutient que c’est un missile sol-air, tiré depuis la zone sous le contrôle des insurgés, qui est responsable de cette catastrophe. Il prétend avoir des clichés par satellite. La batterie de missiles serait venue de Russie quelques jours avant le tir. Mais, la distance entre le point probable d’impact du missile et celui de l’écrasement du MH17 rend cette hypothèse très peu probable. De plus, les opérateurs insurgés n’ont pu être mis au courant des procédures minimales pour tirer le missile en si peu de temps. Il faut plusieurs semaines pour former, même sommairement, des opérateurs. Certes, il est parfaitement possible que ces opérateurs aient été sommairement entraînés en Russie, mais cela implique un délai d’au moins 15 jours et plus probablement de 21 jours, et place la date de décision de livrer une batterie de SAM-17 aux insurgés vers le 25 juin, dernier délai. Ce n’est pas complètement impossible, mais rien, dans les combats qui avaient lieu à l’époque, ne justifiait la livraison de ce type de matériel. Nous sommes face à deux incohérences.

Robert Parry fait, quant à lui, mention d’une source à la CIA, qui lui aurait indiqué que le missile aurait été tiré par des soldats ukrainiens, loyaux au gouvernement de Kiev, qui auraient été en état d’ébriété au moment du tir :

« …the initial assessment was that the troops were Ukrainian soldiers. There also was the suggestion that the soldiers involved were undisciplined and possibly drunk, since the imagery showed what looked like beer bottles scattered around the site, the source said[5] »

Le Los Angeles Times de mardi 22 juillet signale la possibilité que : “U.S. intelligence agencies have so far been unable to determine the nationalities or identities of the crew that launched the missile. U.S. officials said it was possible the SA-11 [anti-aircraft missile] was launched by a defector from the Ukrainian military who was trained to use similar missile systems. [6]». Autrement dit, ce serait un « défecteur » de l’armée ukrainienne qui aurait tiré le missile, depuis une zone contrôlée par l’armée de Kiev. Notons que ceci résoudrait la contradiction sur la distance entre la zone d’impact du missile et la zone ou s’est écrasé le MH17

Par ailleurs, des rumeurs font état d’avions de combat ukrainiens qui auraient escorté le MH17, et on ne peut exclure que l’un d’entre eux l’ait abattu.

1. 4. Conclusion provisoire

En fait, on constate que le gouvernement américain, qui prétend détenir des preuves formelles de l’implication des insurgés, continue à ne pas vouloir les montrer. On est donc en présence d’une “politique de communication” qui semble typique du gouvernement américain. À chaque fois, il y a proclamation de soi-disant preuves ou de faisant-fonction-de-preuves, mais sans aucune production de ces documents. Il est frappant que l’on ne les demande pas. Les médias, tant aux Etats-Unis que dans les pays de l’OTAN prennent ces déclarations pour argent comptant et ne se préoccupent pas un instant de leur vérification. Bien sûr, de toutes les façons, la réponse serait très probablement que ces documents étant confidentiels, on ne peut les dévoiler pour ne pas exposer au public les méthodes et les moyens de fonctionnement de moyens secrets. Rappelons que telle fut la méthode adoptée par l’armée française lors de l’Affaire Dreyfus. Ces preuves, en réalité, devraient être confiées à une commission d’enquête internationale indépendante. Il est vrai que la crédibilité des autorités américaines est loin d’être parfaite depuis le mensonge proféré par Colin Powell en 2003 aux Nations Unies. Il est donc urgent que le gouvernement américain remette les photos dont il dispose, ainsi que les moyens de les vérifier à une commission d’enquête internationale indépendante.

En attendant, force est de constater que l’implication des insurgés ukrainiens apparaît comme plus que douteuse, et que l’on peut avoir de bonnes raisons de suspecter les autorités de Kiev. La campagne de presse contre la Russie apparaît bien aujourd’hui comme une obscénité nullement justifiée par des faits, et qui obéit en réalité à des objectifs politiques, et même géopolitiques, bien particulier des Etats-Unis et de leurs alliés.

[1] http://www.consortiumnews.com

[2] Robert Parry, « What Did US Spy Satellites See in Ukraine? », 20 juillet 2014, http://consortiumnews.com/2014/07/20/what-did-us-spy-satellites-see-in-ukraine/ . Voir aussi le blog DeDefensa, http://www.dedefensa.org/article-mh17_et_l_insaisissable_buk_russe_21_07_2014.html

[3] Robert Parry, « The Mystery of a Ukrainian Army ‘Defector’ », 22 juillet 2014, http://consortiumnews.com/2014/07/22/the-mystery-of-a-ukrainian-army-defector/

[4] http://vineyardsaker.blogspot.com.es/2014/07/evidence-continues-to-emerge-mh17-is.html , voir p. 8 et 9.

[5] http://consortiumnews.com/2014/07/20/what-did-us-spy-satellites-see-in-ukraine/ p.3.

MH17
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